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« Des berceuses pour nos âmes » est né de l’invitation par l’association Peace People Planet, à participer, avec Voix de Stras’, au concert célébrant le 80ème anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz- Birkenau, à Cracovie. Un honneur, du fait de la circonstance et de l’événement : nous partagerons le plateau avec la chanteuse israélienne Noa, l’artiste de Gospel Liz McComb, et le violoniste Michael Shaham, qui jouera sur le violon « rescapé » de la Shoah. Un impératif aussi : dans le contexte de tensions internationales et interreligieuses exacerbées, la contribution de chacun à l’apaisement me semble nécessaire. J’accepte l’invitation en faisant confiance à la musique et son langage universel pour me guider.
Ni la question de la mémoire, ni celle de la consolation ne sont des questions simples. Faut-il se souvenir ? Peut-on (se) consoler ? Ces deux questions résonnent en moi, dans un sentiment paradoxal d’impuissance et de nécessité. En tant que musicienne, je m’appuie alors sur mon outil de travail, la musique, son expression non-verbale et universelle, le contact qu’elle établit avec les âmes de ceux qui l’écoutent. Je m’oriente vers les berceuses : s’il s’agit d’apporter de la douceur, elles seront certainement les formes les plus adaptées, et il y en tant ! Berceuses yiddish, séfarade, palestinienne, arménienne ou d’Amérique latine, qui se mêlent dans mon esprit avec les récits des camps, les visages des enfants sur les photos de guerre et l’actualité au Proche-Orient. Chacune à sa façon porte le sentiment paradoxal d’une mère qui chante pour son enfant : la volonté de calmer et de consoler ; la confidence comme la plainte ; la transmission et la mémoire ; le courage et l’éveil de la conscience.
Ma mémoire musicale me livre alors en écho les Stabat Mater de Pergolèse et de Gouvy, leur même désir d’apaiser, leur même posture du courage. La clé de voûte, je la trouve enfin chez Pablo Casals, avec son chant des oiseaux, chant populaire catalan qu’il a repris et joué de façon incessante sous la dictature de Franco, jusqu’à l’assemblée new-yorkaise de l’ONU, à l’occasion de la réception de sa médaille pour la Paix.
La consolation, la confidence comme la plainte, la transmission et la mémoire, le courage et l’éveil de la conscience : tous ces affects prennent le pas dans ma partition nouvelle, ils colorent ces berceuses ancestrales qui deviennent miennes. Comme une prière pour la Paix autant qu’un appel à la vigilance, ils portent ma compassion et ma révolte, notre humanité comme notre impuissance. N’est-ce pas là aussi une façon de se souvenir ?
Puissent les reflets de ce concert et la beauté des voix, contribuer, autant que faire se peut, à apporter du réconfort à tous ceux qui l’écouteront.
– Pablo Casals
Catherine Bolzinger, directrice artistique de Voix de Stras’
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Contact artistique :
Catherine Bolzinger
catherine.bolzinger@gmail.com
Diffusion :
production@voixdestras.eu
Photo : Jean-Paul Marbach